Paroles de volontaire : Lywio, animateur sportif au Togo en service civique international

Publié le 10/06/2025

Lywio, volontaire en service civique international, a effectué une mission de 4 mois au Togoauprès de l'association togolaise pour la promotion du sport pour tous (ATPST). À Kpalimé, il a animé des activités sportives auprès d'enfants en binôme avec un autre volontaire, Enzo.

Je m'appelle Lywio, j'ai 22 ans. Avant de partir en mission, je travaillais sur ma production musicale : mes labels de musique et le management de mes équipes de beatmaker. En parallèle, je me préparais à intégrer une formation en tant qu'ajusteur monteur chez Airbus, mais malheureusement la formation a été supprimée, ce qui m'a un peu découragé. 

C'est la mission locale Haute-Garonne qui m'a partagé cette mission de service civique. J'ai tout de suite répondu présent, j’ai passé les entretiens, puis j'ai été sélectionné pour partir au Togo. Il faut savoir que ma grande sœur avait réalisé une mission de service civique il y a dix ans, donc j'ai échangé à ce sujet avec ma famille, parce que je trouvais ça intéressant.

L'offre de mission proposait de partir au Maroc, au Sénégal ou au Togo. Le Togo n'est pas un pays qu'on apprend à connaître à l'école, je ne savais pas où il se trouvait, donc je me suis dit que ça serait vraiment plus intéressant d'aller dans un pays que je ne connais absolument pas.

Lorsque des personnes me demandent pourquoi j'ai voulu faire cette mission, je leur réponds que je voulais faire un travail sur moi-même, me permettre d’élargir mes horizons et d’améliorer mon caractère, parce que je suis quelqu'un de très solitaire. Je souhaitais aussi m'ouvrir davantage, avoir une meilleure méthodologie de travail et développer mon esprit d’équipe.

J'ai visité plusieurs pays en Europe et en Amérique, mais je n'avais pas encore exploré le continent africain, donc c'était une opportunité à saisir. J'étais dans une période de ma vie compliquée et il me fallait quelque chose de nouveau pour me rebooster. Je me suis dit que j'allais relever ce défi, être loin de tout le monde, pendant quatre mois

J'ai toujours apprécié échanger avec les enfants et cette mission était l'opportunité d'animer des activités avec eux. Être éducateur en France n’a rien à voir avec être éducateur au Togo. Finalement, je ne regrette pas du tout ce choix

Je n'étais pas dans un mauvais état d’esprit avant de partir, j’étais plutôt motivé, même si le stress du voyage a commencé à monter durant le mois de préparation.

J’avais peur d’avoir du mal à me faire accepter et à m’intégrer. Par exemple, on m’a conseillé d'enlever mes locks avant d’aller au Togo, mais j'ai choisi de les garder et au final mes locks m'ont permis de créer des liens. 

Quand j’ai rencontré Enzo, le premier jour, je l'ai très vite apprécié. Il est très instruit, intelligent, poli et drôle. J'ai été très vite rassuré. Le groupe avec lequel on était sur place était bien, ce sont des personnes incroyables. On est toujours en contact avec l'ensemble du groupe, puisqu'on a ouvert une cagnotte pour les enfants au Togo.

Pour commencer, nous avons eu une phase d'apprentissage par le président de l'Association Togolaise pour la Promotion du Sport pour Tous (ATPST), il nous a initié au volleyball, aux règles de vie et au mode de vie local. Ensuite, on devait transmettre la pratique du volley aux enfants et les techniques d'échauffement. On a fait de la sensibilisation dans le domaine du sport, de la santé, que ce soit sexuellement et psychologiquement parlant. On a aussi fait de la sensibilisation à la préservation de l’environnement. Les enfants auprès desquels j'ai été amené à faire de l'animation étaient très respectueux et intelligents, mais aussi très têtus. 

Une anecdote qui m'a marqué, c'est que beaucoup de filles étaient en retard aux séances sportives, et lorsque tu leur demandes pourquoi elles sont en retard, elles répondent qu'après le repas du midi, elles doivent faire la vaisselle, faire la lessive… Les hommes ne participent pas aux tâches domestiques, ce n'est pas quelque chose de normal pour eux. Je trouve que le partage des tâches ménagères n'est pas très équitable.  

Sur les 300 enfants qu'on accompagnait, il y avait une trentaine d’enfants en situation de handicap. On faisait du sport, on les initiait aux compétitions sportives. Le coup de cœur de mon voyage, de cette mission, ce sont les enfants en situation de handicap. D'habitude, j’ai beaucoup de mal à retenir les prénoms, mais j’ai retenu le prénom des enfants dès la première fois. À mon retour en France, je me suis retrouvé à avoir une certaine frustration parce que je ressentais le manque de ces enfants. Ce sont des enfants qui nous ont apporté une innocence et une forme d'amour qu’on ne connaissait pas. C’était très difficile de leur dire au revoir.

Dans ma famille d'accueil, il y avait Melsom, c’était un des fils de la famille, un garçon que j’admire énormément. Il est très gentil, très intelligent, il fait toujours ses devoirs, il fait toujours à manger et subvient aux besoins de sa famille.

J'ai aussi rencontré les “rasta”, c'est avec eux que j'avais le plus d’échanges, ils sont très initiés à l'apprentissage du français. Ce sont des personnes qui sont très cultivées, qui aiment apprendre. J'ai rencontré Keli qui travaille dans le tourisme. Il est très intelligent, c’est quelqu’un qui mérite énormément de soutien, de courage. Chez lui, c’était l’endroit où je me sentais le mieux au Togo. J'ai également pu faire la connaissance de Tidjani, coiffeur, par l'intermédiaire de Keli. Ce sont les deux meilleures rencontres que j'ai pu faire durant mon temps au Togo. Je suis toujours en contact avec eux, on s’appelle de temps en temps.

Je suis quelqu'un d'assez nerveux et je ne pensais pas pouvoir être aussi patient. J'ai pris en maturité et je suis devenu extrêmement calme. Je suis beaucoup plus réfléchi, patient, ça m’a assagi, je suis retourné en France avec beaucoup de positif. Ça m’a permis de développer certaines qualités avec les enfants. J’ai appris que le monde est grand et différent partout où on passe, que j’aurais toujours quelque chose à apprendre. J'ai appris beaucoup de choses sur moi, sur la vie, sur l’Afrique, l’histoire des personnes noires, l’histoire du pays.

Je suis quelqu'un de très solitaire. Ma solitude a pu être un problème, car j'étais invité à des mariages, des baptêmes… j'étais le seul à refuser toutes les sorties. Je préférais sortir seul, je partais découvrir des rivières, des forêts. Au niveau de la mission en elle-même, aucun problème. L'accueil était incroyable.

Je suis surtout satisfait de ce que ça a débloqué par la suite. Cette mission m’a ouvert la porte sur beaucoup de projets que je suis actuellement en train de mettre en place.

Il faudrait mettre un peu plus en valeur le service civique, je pense que tout le monde devrait avoir cette opportunité, c'est une expérience incroyable. Si on m'avait dit il y a 6-7 ans, quand j'étais encore en Guadeloupe, qu'un jour je partirai en mission au Togo pour cette mission, j'aurais rigolé. Ce volontariat  a été incroyable par tout ce qu'il m'a permis d'apprendre, je ne m'attendais pas à ça. Je recommande cette expérience à tout le monde.

Avec mon label de beatmaker, nous sommes en train d’organiser au Congo un séminaire vlog sous forme de concours de beatmaker, avec des artistes Nous travaillons avec l’Ambassade de France la-bàs, France Volontaires, le ministre de la culture, et nous sommes en train de rechercher des financements. 

On a été sollicité par les organisateurs du festival de la Côte d'Ivoire cette année pour participer à l’organisation. J’ai décidé de reverser une partie de mes bénéfices à l'ATPST. Ce projet-là me servira à créer un événement qui n’existe pas encore, avec une première édition au Congo, une deuxième en France et une troisième au Togo. Le but est aussi de mettre en avant le pays et d’ouvrir des portes aux jeunes.

Par ailleurs, j'ai mis en place une cagnotte en lien avec ma mission de service civique, pour chausser les enfants et permettre aux enfants d'avoir du matériel pour l’association. On a commencé par les chaussures, car c'est une des priorités, beaucoup d'enfants n'ont pas de bonnes chaussures pour faire du sport. Actuellement, on a récolté 1 963 euros. On a été 108 personnes à participer. Le montant indicatif est de 7 euros par enfant. À l'avenir, on souhaiterait supporter les coûts liés aux déplacements et aux repas lors de compétitions sportives pour les enfants. 

Cette mission de service civique a été réalisée dans le cadre du projet Favoriser l’accessibilité du service civique à l’international aux jeunes d’Occitanie coordonné par Occitanie Coopération en partenariat avec la mission locale de Haute-Garonne et la Mission locale Jeunes Montpellier Méditerranée Métropole.

Depuis octobre 2024, 10 jeunes occitans, accompagnés par les missions locales, ont réalisé une mission de service civique au Togo, au Sénégal et au Maroc de 4 mois. L’objectif du projet est d'offrir aux jeunes éloignés de la mobilité internationale une expérience leur permettant de développer leur ouverture d’esprit, leurs compétences et de favoriser leur insertion sociale et professionnelle. Ce projet a également pour but de renforcer les relations partenariales entre les missions locales et les acteurs de la coopération et de la solidarité internationales.

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Occitanie Coopération

Occitanie Coopération est une association loi 1901 reconnue d’intérêt général, dédiée à la promotion, l’accompagnement, et le développement de programmes ou d’actions de solidarité ou de coopération internationale. Elle déploie son action autour de cinq missions : observatoire régional, animation territoriale, appui aux porteurs de projets, éducation à la citoyenneté mondiale, appui et relais des politiques publiques concernées. Occitanie Coopération fait partie des douze réseaux régionaux multi-acteurs des coopérations et des solidarités internationales implantés en France.

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