Trois experts ont réalisé une mission d’évaluation en Côte d’Ivoire (janvier 2021)

Une délégation de l’association Cuma Côte d'Ivoire Occitanie, composée du Président de l'association Alain Tapiau, du Vice-Président Bernard Cluzel et du secrétaire André Gavaland, s'est rendue en Côte d'Ivoire en janvier 2021 pour une mission d'évaluation globale des besoins en mécanisation de l'agriculture ivoirienne.

Après une réunion d'accueil et de cadrage au ministère de l'agriculture et du développement rural, pilotée par le directeur de cabinet du ministre, la délégation s'est rendue dans les deux régions retenues comme régions pilotes pour le développement de la mécanisation agricole en Côte d'Ivoire : le Bélier et le Poro.

La délégation a été pilotée à travers les régions par Manni Zogbé, directeur de la maîtrise de l'eau et de la modernisation des exploitations au ministère. Elle a rendu visite aux conseils régionaux du Bélier et du Poro, où elle a pu rencontrer les élus régionaux et les représentants des professionnels de l'agriculture et de la gestion des territoires. Ces rencontres ont été complétées par la visite d'un établissement de formation agricole (Raviart) et d'un centre de prestations de service de travaux agricoles motorisés (CPSAM Intercoton de Napié).

L'ensemble des hôtes ont manifesté le grand intérêt qu'ils attachent au développement de la mécanisation de l'agriculture qu'ils considèrent comme salutaire pour le développement de l'emploi dans les territoires et le maintien des jeunes en milieu rural. La mécanisation est perçue comme le passage obligé pour moderniser l'agriculture et rendre ce secteur attrayant pour les nouvelles générations et porteur de croissance économique.
Il a bien été rappelé que le développement de la mécanisation doit s'inscrire dans une politique de développement durable et de respect de l'environnement.

Un travail de fond doit être fait pour que le développement de la mécanisation agricole soit adapté à l'organisation du foncier et pérenne. En effet, les acteurs de l'agriculture ivoirienne ont en mémoire les nombreux échecs passés des tentatives de mécanisation et il n'est pas question de renouveler ces échecs.

Dans ce contexte, le modèle Cuma (Coopérative d'utilisation en commun de matériel agricole), largement déployé en France depuis les années 60 et développé avec succès au Bénin depuis deux décennies, semble constituer une solution pour déployer en Côte d'Ivoire une mécanisation intelligente, partagée et pérenne qui prenne en considération l'ensemble de la chaine de valeurs : production, transport, conservation, transformation et commercialisation. 

La formation aux différents métiers induits par la mécanisation (conduite et maintenance des matériels mais aussi administration et gestion des équipements sans oublier l’animation des producteurs qui auront décidé de se grouper en coopératives de type Cuma pour partager des équipements agricoles), est une condition indispensable à la réussite du développement de la mécanisation. La sensibilisation aux enjeux environnementaux de la mécanisation devra également faire partie de cette formation.

La question du financement constitue un point majeur à traiter. A ce propos il a bien été rappelé que, même si l'État est disposé à mettre en place des mesures d'accompagnement à l'investissement en équipements pour mécaniser l'agriculture, par exemple l'exonération de TVA déjà en vigueur et la détaxation du carburant agricole à l'étude, il n'est plus question de dons : « l'État providence ça n'existe plus en Côte d'Ivoire ».
Les producteurs devront eux même contribuer au financement d'une partie des investissements, le reste pouvant être couvert par des crédits dont les modalités restent à définir.

La mission, assez courte (5 jours, dont seulement 2 en région), a permis aux experts d'engager une évaluation globale des questions de mécanisation en agriculture dans les régions du Bélier et du Poro. La formalisation d'un projet de structuration des producteurs en coopératives de type Cuma va nécessiter une étude approfondie lors de missions complémentaires, de nature technique et de durée plus longue.

Le lancement de quelques unités pilotes constituera un lieu d'expérimentation et d'adaptation du modèle coopératif aux conditions de la Côte d'Ivoire et un passage obligé qu'il faudra réussir avant d'envisager un déploiement plus large du modèle Cuma dans les deux régions prioritaires puis dans les autres régions du pays.